Le barrage
            La principale marque de l'histoire sur le site fut 
                            bien évidemment la construction du barrage 
                            de Marèges, six kilomètres plus bas 
                            dans la vallée de la Dordogne. Depuis 1935, 
                            ce n'est plus une rivière tumulteuse qui coule 
                            aux pieds de Saint Nazaire, mais désormais 
                            les eaux calmes d'un lac long de 15 km.
                          
            
              
            Le barrage de Marèges, en aval de Saint 
                            Nazaire
            
                            
                          
             
                          
            La pénurie de charbon et le développement 
                            de la compagnie de chemin de fer Paris Orléans 
                            obligèrent les décideurs à réaliser ce travail 
                            dans l'urgence. Mais le barrage de Marèges va 
                            être différent de tout ce qui existe jusque là avec 
                            les nouvelles techniques de l'ingénieur André COYNE*, 
                            notamment ses ancrages et sa double courbure, qui 
                            assureront à ce dernier une notoriété mondiale . Cet 
                            ensemble demeurera longtemps unique en son genre et 
                            sera visité par des ingénieurs venus du monde entier. 
                            (cf Le Patrimoine, l'Architecture et le Paysage dans 
                            les emprises de la SHEM (Source www.univ-perp.fr/modules/resources/)
                          
            Pour réaliser les travaux, on avait construit 
                            un embranchement ferroviaire depuis la gare de Saignes 
                            jusqu'à Champagnac. Au délà, 
                            un téléphérique de 5 km transportait 
                            les sacs de ciment; cinq par nacelle.
                          
            Le barrage fût mis en eau pour la première 
                            fois le 8 juin 1935. L'ingénieur, André 
                            Coyne décrit la scène: "En plein 
                            flot de crue, les vannes de la dérivation provisoire 
                            furent abattues; le courant coupé net (...) 
                            Au bruit impétueux de la Dordogne avait soudaint 
                            succédé un grand silence.
                          
            Mais comment le projet fût-il accueilli 
                            localement? Ecoutons ce qu'en dit le maire de 
                            Liginiac 60 ans plus tard (1989 - propos recueillis 
                            par Pierre Floirat - La Dordogne - pages 116-117 - 
                            Editions Les Monédières 1991 - réédité 
                            en 2008): "L'annonce de la construction d'un 
                            barrage n'a causé aucun trouble. Ce projet 
                            n'a pas été mal vu dans la région 
                            parce qu'il ne dérangeait pour ainsi dire personne. 
                            les fonds n'étaient pas habités, comme 
                            c'était le cas (...) plus haut à Bort. 
                            Et même (...) la vallée était 
                            inaccessible et rares étaient ceux qui la fréquentaient. 
                            Il n'y avait pas de routes, pas de ponts, pas même 
                            un sentier pour descendre les flancs de la gorge. 
                            (...) Quand le PO a acheté leurs terrains improductifs, 
                            les gens ont touché quelques sous et ils étaient 
                            bien contents".
                          
            *Le concepteur est l'ingénieur polytechnicien 
                            André Coyne. Ce brillant concepteur réalisera le barrage 
                            de Malpasset (Fréjus), premier barrage en voûte 
                            mince qui se rompra en 1959 dans des circonstances 
                            qui ne mettent cependant nullement en cause les calculs 
                            d'origine. Traumatisé par le nombre de victimes, l'ingénieur 
                            ne le surmontera pas et disparaîtra peu de temps après.
                          La vallée avant le remplissage du lac
                          
            "La Vallée était sauvage, remplie 
                            du bruit du torrent (...). Ce sont les gorges les 
                            plus profondes, les plus étroites, les plus 
                            accidentées, et les plus désertes de 
                            tout (le) cours (de la Dordogne). La pente générale 
                            est voisine de cinq mètres par kilomètre 
                            et le courant dévalait en torrent, écumant 
                            sur les obstacles accumulés dans le lit: fascines 
                            d'anciennes pêcheries, barres rocheuses proéminentes, 
                            bancs de galets et rocs tombés des falaise. 
                            Il n'y avait pas moins de douze passes périlleuses 
                            jusqu'à Vernejoux, qui guettaient les anciens 
                            navigateurs partis de Bort. Après les rares 
                            esquifs et surtout les trains de bois,"à 
                            pièces perdues" qui disparurent au dix 
                            neuvième siècle (à cause du chemin 
                            de fer), les canoétistes furent les derniers 
                            à descendre les rapides au fond des gorges". 
                            (source La Dordogne de Pierre Floirat - pages 106-107-113 
                            - Editions Les Monédières 1991, réédité 
                            en 2008)
                          
            
              
            Au début du XXème siècle, 
                            au confluent de la Diège et de la Dordogne, 
                            des bateliers faisaient encore traverser les voyageurs. 
                            Aujourd'hui le lieudit Val Beneyte a été 
                            noyé par les eaux du barrage de Marèges
            
                            
                          L'ermite de Val Beneyte
            
                          
            Mille ans en arrière, un ermite était 
                            descendu au fond du vallon à Val Beneyte (face 
                            à Roche-le-Peyroux) pour vivre près 
                            de la rivière alors sauvage. Plus tard un petit 
                            monastère entouré de quelques champs 
                            y fut installé en souvenir. mais au début 
                            du XXème siècle, les moines l'avaient 
                            déserté et le lieu était tombé 
                            en ruines. Quelques années plus tard deux religieuses 
                            reviennent dans le petit monastère remis en 
                            état par le père Serres. Elles le quitteront 
                            cependant quelques années plus tard seulement, 
                            bien avant que le lieu ne soit recouvert par les eaux 
                            du lac.
            Le site aujourd'hui
             C'est le plus beau des points de vue de la vallée 
                              de la Dordogne.