Le retour du train à Bort les Orgues, une histoire à rebondissements
En 1993, deux années après la fermeture de la ligne
Bort-Neussargues, Christian Abraham et Jean Michel
PIERNETZ arrivent à convaincre une poignée
de passionnés de s'investir au sein de l’Association
des Chemins de Fer de la Haute Auvergne pour sauvegarder
le patrimoine exceptionnel que représente ce
tronçon
En 1997 commence l’exploitation du train touristique
Gentiane Express® sur le parcours entre Riom-ès-Montagnes
et Lugarde (Cantal).
Cinq ans après, en 2002, un second tronçon
de ligne est réouvert entre Riom et Bort-les-Orgues.
Pour la cérémonie d'inauguration, l'autorail X 2403
et sa remorque Decauville, effectuent le parcours
de Riom-es-Montagne à Bort, après avoir symboliquement
défoncé le butoir factice qui barrait la voie vers
Bort, sous les applaudissements nourris des participants
au voyage. En gare de Bort, c'est le Maire qui a accueilli
le train inaugural, et remis à Christian Abraham,
président des CFHA, la médaille d'or de la ville de
Bort. Le maire rappelle le déchirement qu'a été la
fin du chemin de fer à Bort : « on avait l'impression
de perdre un investissement historique » ; le retour
du train, fût-il touristique, à Bort ne passe d'ailleurs
pas inaperçu auprès de la population locale, surprise
de devoir à nouveau s'arrêter aux passages à niveau...
Cette section sera exploitée jusqu'en 2009.
La guerilla juridique
Mais entre temps, les choses changent au sein de
l'association des CFHA. L'assemblée générale
décide de changer de président et c'est
Jean Michel Piernetz qui succède à Christian
Abraham. S'en suivront plusieurs années de
guerilla juridique.
Ainsi, au terme d'une longue procédure, au
printemps 2009 la Cour administrative d'appel
annule la décision d'attribution de la ligne
Bort Lugarde à l'association du Gentiane Express.
En effet, le Conseil général du Cantal
avait attribué en 2004 cette délégation
pour 5 ans. Mais ce scénario a été
remis en cause par un recours de l'association concurrente
"Le Tour du Cantal en train" que préside
Christian Abraham au motif (retenu par le tribunal)
que les règles de mise en concurrence n'étaient
pas satisfaisantes.
Jusqu'à la décision du tribunal, la
convention de 2004 liait RFF, la SNCF, le Conseil
Général du Cantal et l'Association des CFHA pour la
gestion de cette voie ferrée. Suivant les termes
de cette convention, RFF mettait à disposition du
Conseil Général du Cantal la ligne. Ce dernier, suite
à un appel d'offres, avait retenu l'Association des
Chemins de Fer de la Haute-Auvergne pour la délégation
de service public correspondante. L'association versait
annuellement au Conseil Général une redevance composée
d'une part fixe et d'une part variable incluse dans
le prix des billets. Et le Conseil Général payait
RFF. Le Conseil Général de la Corrèze, département
que parcourt le chemin de fer touristique sur seulement
quelques Kilomètres, avait cédé ses droits au Conseil
Général du Cantal.
Or suite à cette décision
du tribunal en 2009, le Conseil général
du Cantal mesure les risques de ce dossier: juridiques
puisque ce sont ses décisions administratives
qui sont invalidées. Mais les risques pour le Conseil départemental sont aussi financièrs
au regard des engagements en matière de travaux
que peut représenter la sauvegarde d'une telle
ligne. C'est pourquoi il décide de se retirer
de l'affaire plutôt que de lancer un nouvel
appel d'offre.
2010 Le Gentiane Express à l'arrêt
Dès lors la situation devient
extrêmement préoccupante pour l'exploitation.
La circulation du Gentiane Express ne repose plus
sur aucune base juridique et le Gentiane Express doit
rester à l'arrêt.
A la fin de la saison 2009, le 6 octobre
2009, la Communauté de communes du Pays Gentiane organise
une réunion de concertation avec l'ensemble des présidents
des communautés et des conseillers généraux du secteur,
afin d'étudier les possibilités d'établissement d'une
nouvelle structure de gestion pour l'exploitation
touristique de la ligne ferroviaire Bort-les-Orgues
Lugarde. Toutes les communautés de communes concernées
(Bort, Lanobre, Beaulieu, Sumène-Artense, Cézallier)
sont invitées.
Malheureusement, le dossier n'avance
pas. Au printemps 2010, la mairie de BORT met le doigt
sur une nouvelle difficulté. On apprend en
effet dans le journal municipal que la réouverture
de la ligne présenterait des dangers et qu'il
est nécessaire de réaliser pour 2 millions
d'euros de travaux avant le retour du train.
Dès lors, on comprend que le
Gentiane Express restera à l'arrêt plus
longtemps que prévu et en effet, aucune circulation
n'aura lieu en 2010.
On ne peut pas reprocher à la mairie sa
prudence, mais comme nous allons le voir, le dossier n'est peut-être pas aussi compliqué que ce
qui avait été initialement annoncé.
La circulation des trains sur la ligne Bort-Lugarde
est-elle réellement dangereuse ?
Pour l'association qui gère le Gentiane Express, la réponse est clairement négative.
Dans un courrier du 4 août 2010, la SNCF atteste
que "les paramètres techniques de la voie
permettent la circulation des trains". Cette
lettre précise même qu'un technicien
de la SNCF a constaté le 15 juin 2010 que les
défauts signalés à l'automne
2009 avaient été corrigés. De
son côté, Jean Michel Piernetz, président
de l'association qui fait circuler le Gentiane Express,
confirme que la voie est parfaitement adaptée
à des vitesses de circulation limitées
sur tout le parcours à 30 km/h. La sécurité
n'est pas en cause.
Tristan BROHAN Responsable Infrastructure des CFHA
et Jean Michel PIERNETZ Président de l'association
A quoi correspond la somme de deux millions d'€uros de travaux mentionnée dans le bulletin municipal?
En 2009, le Conseil général du Cantal,
a sollicité la SNCF pour établir un
devis concernant les travaux qui devaient être
envisagés à terme sur la ligne. Ce document,
diffusé au début de l'année 2010
liste toute une série de travaux d'entretien
courant (élagage, désherbage, changement
de traverses etc...) qui sont, en fait, régulièrement
réalisés par l'association des Chemins
de Fer de Haute Auvergne, selon les normes édictées
par la SNCF. Réseau Férré de
France (RFF) a d'ailleurs confirmé officiellement
au printemps 2010 que l'association était parfaitement
habilitée à réaliser ces travaux.
Restent 3 interventions plus coûteuses, étant
bien précisé qu'aucun problème
de sécurité immédiat n'est relevé.
Ces points concernent un petit muret de pierre qui
doit être réparé ainsi que deux
ponts metalliques. En fait, il s'agit de très
petits ponts (longs de 5,2 mètres) permettant
le passage sur des chemins de terre dont l'un se trouve
sur Menet et l'autre sur Riom es Montagne. Dans les
deux cas, les travaux à réaliser portent
sur la structure métallique
Le Pont de Menet
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Le Pont de Riom
|
Jean Pierre Piernetz, le président
du CFHA, étonné des sommes figurant
sur le devis a sollicité d'autres devis auprès
de sociétés concurrentes mais néanmoins
agréées par la SNCF. Pour l'ensemble
des 3 interventions (muret & deux ponts métalliques),
la somme a affecter à ces travaux n'est plus
que de un peu moins de 100.000 €uros, soit 5% seulement de la
somme initiale évoquée et qui représente donc un montant beaucoup plus raisonnable.
Les élus de Riom débloquent la situation
Les élus craignent néanmoins
de devoir participer au financement s'ils s'engagent
dans le dossier. La Communauté de Communes
Sumène Artense (Vebret, Champs sur Tarentaine,
Champagnac) fait valoir que le train est surtout une
distraction pour ses vaches qui le regardent passer
alors qu'il n'y a aucun arrêt sur son territoire.
A Bort, on reconnait l'intérêt du train
pour le développement touristique mais on fait
remarquer que sans l'autorisation du Conseil communautaire
Sumène Artense, il est impossible de rejoindre
en train Riom es Montagne depuis Bort.
La situation semblait donc bien bloquée
mais l'absence du train durant tout l'été
2010 alarme les élus de Riom. Faute de venue
des voyageurs, les commerces locaux tirent la langue.
C'est pourquoi, à l'initiative des élus de Riom, le Syndicat
Mixte pour l'exploitation touristique de la section
Riom-ès-Montagnes / Lugarde est créé.
Il sera présidé parThierry Charbonnel
et un appel d'offre public est lancé en janvier
2011.
L'association des Chemins de Fer de la Haute Auvergne
sera retenue pour cette nouvelle exploitation entre
Riom et Lugarde. Le tronçon entre Bort et Riom ne
sera plus exploité en circulation touristique mais
uniquement en circulation technique pour l'acheminement
du matériel jusqu'à la gare de Riom-ès-Montagnes.
La gare de Bort-les-Orgues reste la base technique
de l'association.
Les bénévoles se retroussent les manches
Michel PIERNETZ, président des CFHA présente
la draisine qui permet aux équipes de se rendre
sur les chantiers d'entretien de la voie
L'abri métallique bordant les
voies a été sauvé de la destruction
grâce au travail des bénévoles
Préparation des engins d'intervention sur
la voie.
Le Gentiane Express en vidéo
En 2007, FR3 Auvergne avait consacré un reportage
au Gentiane Express.
Voir le site
du gentiane Express
L'histoire de la ligne de Bort les Orgues
Pendant 108 ans, le train et la gare de Bort ont
animé l'activité de la ville. Ils
ont permis l'essort des manufactures qui trouvaient
ici non seulement la force motrice de l'eau mais
aussi le moyen de s'approvisionner facilement en
matières premières puis d'exporter
le produit fini (soirie, confection, chapellerie,
mines de charbons de Champagnac). Le train a aussi
permis a de nombreux jeunes du pays d'immigrer vers
la capitale ou de gagner les ports de la Manche
pour embarquer vers le Nouveau Monde.
Les grandes dates
1881 La ligne entre Tulle-Ussel et Clermont dessert
Eygurande-Merlines.
1882 ouverture au trafic de la ligne d’Eygurande
à Largnac, par Bort-les Orgues (inscrite dans le
projet Nord-Sud de la compagnie Paris-Orléans. Largnac
n’est qu’un terminus provisoire. Mauriac sera atteint
un an plus tard).
La gare de Bort avec son triage et son dépôt de locomotives
Le dépôt
1887 Ouverture de la ligne venant de Paris par Montluçon
17 Juin 1892 Convention de concession pour la ligne
de Bort à Neussargues afin de terminer la
liaison Béziers Paris. La question du transport
des vins du Languedoc vers Paris a été
déterminante. C'est en effet, à partir
du XIX° siècle que les Parisiens ont bu les vins
du Midi et la consommation de vin de la région parisienne
a, paraît-il, été multipliée par 6 entre 1840 et
1900.
Locomotives en gare de Mauriac
1893-94 : Pochat et Schaffner fondent la Société
Anonyme des Mines de Champagnac ; l'exploitation
fut prospère par la mise en service de la ligne
de chemin de fer Paris-Aurillac qui met un terme
au transport du charbon par voie d'eau.
21 juin 1904 Départ de Paris du 1er "train
Bonnet" en direction de Mauriac via Bort
les Orgues. Du nom de leur inventeur, Louis Bonnet
créateur du journal "L'auvergnat de
Paris", ces trains permettaient aux expatriés
à Paris de rentrer au pays pour les vacances
avec des réductions de l'ordre de 40%. Ils
ont circulé jusqu'en 1939 avec une interruption
pendant la guerre de 14.
En
savoir plus
2 décembre 1907 Ouverture des tronçons
Bort-les-Orgues à Riom-ès-Montagnes et de Neussargues
à Allanche.
11/05/1908 Ouverture de la ligne Allanche à Riom-ès-Montagnes
qui va permettre de relier Béziers à
la capitale par des trains directs. Ainsi un
express de nuit part à 20 h52 de la gare d'Orsay
à Paris à destination de Béziers, où il arrive
à 15h47 le lendemain. Ce train s'arrête à
Bort vers 6 heures du matin. Pendant les travaux
du barrage, il permettra aux ingénieurs parisiens
de venir passer la journée sur le chantier
et de rentrer le même jour par le train du
soir. Certains voyageurs racontent alors qu'ils
entendent chanter les Orgues lorsque le train
s'en approche en reprenant de la vitesse après
l'arrêt en gare. Il faut dire que le rail
était à l'époque fort sonore:
vapeur dans les tuyaux de la locomotive, craquements
des wagons en bois, grincements des roues dans les
courbes d'aiguillage, rythmique des roues sur les
raccords de rails...
1932 Création d'un embranchement vers Champagnac
depuis Saignes pour le transport de matériaux
destinés au chantier du barrage de Mareges.
19 janvier 1944 - La résistance mène
la bataille du rail - Trois locomotives et un
autorail sont sabotés en gare de Bort
(Maquis de Corrèze - 200 combattants et témoins).
4 juin 1944, le maquis Cantalien décide de neutraliser
la ligne de Bort-les-Orgues à Neussargues en faisant
dérailler une machine à vapeur. Venant de Riom,
la 141-TA-430, lancée à pleine vapeur
se renversa sur son flan droit à l’entrée
de la gare de Saint Etienne-Menet, au niveau du
PN 326au bout d'une longue pente de 30°/OO.
En
savoir plus
2 Juillet 1945 - Le général
De Gaulle fait une halte en gare de Bort les
Orgues où il est accueilli par une
foule nombreuse dans l'exhaltation de
la Libération. Il vient d'inaugurer
le barrage de Saint Etienne Cantalès à
20kms à l'ouest d'Aurillac sur la Cère, affluent
rive gauche de la Dordogne. L'aménagement
hydroélectrique du barrage a débuté
en 1939.
Le cortège du Général
a pris un train spécial à Mauriac
pour rentrer dans la soirée sur Paris.
Au cours de ce voyage en Auvergne commencé
la veille, il aura fait étape à
Clermont-Ferrand, Issoire, Saint Flour et
Aurillac.
Dans ce voyage, il est accompagné
du Sultan Mohamed V et du Prince Moulay Hassan.
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1945 - Lors de la montée en puissance des
travaux du barrage (à la Libération),
et pour permettre au train de continuer à
circuler pendant les travaux, on va construire une
passerelle provisoire sur laquelle sont fixés
les rails et que les trains doivent emprunter à
vitesse très réduite. Jusqu'en 1950,
une ouverture sur le côté droit du
barrage permettra aux trains de continuer à
passer (Voir photos ci-dessous)
Un autorail type 23 construit par Michelin
aborde le chantier. Construites à partir
de 1936 ces "Michelines" avaient été regroupées
au dépôt de Clermont-Rabanesse. Elles desservaient
les lignes de la région, en étoile autour de Clermont,
notamment Le Mont-Dore, Ussel, Bort, et Mauriac.
Dotées de 2 compartiments de 48 places, le
chassis de la type 23 était articulée, obligation
faite par sa très grande longueur (30,36 m) mais
la caisse est rigide. Cet autorail peut donc se
déplacer transversalement en soulèvant "ses jupes"
dans les courbes très serrées. Elles
ont circulé jusqu'en 1952 (Source Damien
Follet novembre 2010).
13 Mai 1950 - 21h40 Entrée en gare de Bort
les Orgues du dernier train en provenance
d'Eguirande.
1950 - Le Ministre Henri Queuille (ancien député
maire de Neuvic - trois fois Président du
Conseil entre 1948 et 1951) a pris l'engagement
de faire reconstruire la voie ferrée Bort
Ussel, alors que les partisans du "tout routier",
semblent déja triomphants. La nouvelle voie
doit rejoindre Ussel en passant par les plateauxvia
les villages de Margerides et Saint Exupéry
où il est prévu d'ouvrir des gares.
La ligne ne comporterait aucun ouvrage d'art majeur,
à l'exception d'un seul et unique grand tunnel
de 6628 m de long, en pente moyenne de 21 mm
/ m, seule solution valable pour descendre la haute
falaise des Orgues et atteindre le fond de la vallée
où se trouve la ville. Il s'agit en effet de passer
de l'altitude moyenne des plateaux (580 m) à celle
de la ville (440 m).
1er mars 1951 - fermeture des vannes du barrage
et première mise en eau.
27 avril 1951 - Début des travaux
de percement du tunnel sur le site de Vioux. Ce
site est l'endroit à partir duquel a été creusé
le plus gros tronçon du tunnel de la Fourcherie.
On a d'abord percé une galerie annexe (fenêtre)
longue de 800 m, de 2,50 m de section, et en pente
descendante de 60 mm / m, qui a été
réalisée en deux ans. Cette première galerie
a permis de rejoindre le site proprement dit du
tunnel ferroviaire. dont on percera une amorce de
50 m vers l'aval (côté Bort) et le reste (1450 m)
vers l'amont (côté Fourcherie).
NB: Les informations concernant le percement
du tunnel ont été mises à jour
afin de prendre en compte les recherches efectuées
et les plongées souterraines effectuées
dans ce tunnel en avril 2010 par l'association "Chemins
à fer". Le compte rendu de l'exploration
est accessible à l'adresse http://www.chemins-a-fer.org/pweb/1004.htm.
La longue fiche rendant compte des travaux est consultable
à l'adresse http://www.tunnels-ferroviaires.org/tu19/19252.1.pdf
Dimanche 27 février 1955 - 15.000 personnes
défilent dans les rues de Bort pour demander
le rétablissement de la ligne vers Ussel.
Les élus défilent en tête
du cortège
30 septembre 1955 - Arrêt des travaux de
percement du nouveau tunnel: 30 m seulement
sont creusés au pied du barrage.
21 janvier 1960 - Le Conseil municipal de Bort les
Orgues se réunit en séance publique
pour soutenir le syndicat de Défense constitué
pour demander la réouverture de la ligne.
Près de 250 communes de Corrèze, Cantal
et Puy de Dôme sont adhérentes à
ce syndicat qui multiplie les démarche et
deposera même un recours au Conseil d'Etat.
Alors que la tension est à son comble, le
conseiller municipal Joseph Thomas est frappé
d'une attaque et meurt subitement.
26/05/1990 Fermeture au trafic voyageurs
de la ligne de Bort à Neussargues - A cette
occasion le journal "Le Monde" a publié
un très bel article titré "Un
si joli petit train" sous la signature
de BERNARD LAURENT. Nous ne résistons pas
au plaisir de vous le faire lire, d'autant qu'encore
aujourd'hui (2010) l'histoire semble vouloir bégayer.
"Comme tout le monde, je suis émerveillé des
succès techniques que la SNCF obtient avec son TGV
(le Monde du 11 mai 1990). Malheureusement, les
prouesses en vélocité semblent se faire sur le dos
des autres lignes. Le 26 mai prochain, l'omnibus
Neussargues - Bort-les-Orgues circulera pour la
dernière fois. Il avait résisté à tout : aux guerres,
aux tempêtes de neige, à l'aménagement du territoire...
Chaque matin, il faisait son entrée à coups de trompe
dans Riom-ès-Montagnes, dont il était, avec la foire
aux bestiaux et la distillerie Avèze, la principale
attraction : on venait du monde entier pour le
photographier, pour le saisir lorsqu'il se dandinait
sur le viaduc en courbe de Saint-Saturnin, ou lorsqu'il
marquait l'arrêt, tout suant, à l'incroyable halte
de Landeyrat-Marcenat, perdue sur le Cézallier cantalien.
Il ne rapportait pas un sou, c'est sûr. Mais il
était là, chaque jour, par tous les temps. Il apportait
le courrier. Il desservait Allanche, Lugarde-Marchastel,
Condat-Saint-Amandin, Montboudif même ! A bord,
tout le monde se parlait, parce qu'il n'y avait
qu'une seule salle dans le petit autorail bleu.
Ça cahotait franchement, mais curieusement personne
ne songeait à s'en plaindre ; sa patauderie déchaînait
les éclats de rire chez les randonneurs sac à dos,
et l'indulgence souriante des habitués. Les retraités
le saluaient depuis les jardinets... Il était là.
Parfois la France est très loin, et la solitude
est immense sur le Cézallier... "(Article paru
dans l'édition du 18.05.90)
Cliquer sur la photo pour voir la séquence filmée
On voit ici un de ces derniers autorails,
identique à ceux qui circulaient sur la ligne
Bort Neussargues jusqu'en 1990. Ils ont été
construits entre 1957 et 1962 avec à l'origine une
livrée crème pour le toit, rouge pour le bas de
la caisse, pus rouge sur le toit avec un bandeau
crème au milieu de la caisse. A partir de 1976,
la série subit une grande révision générale, avec
la modernisation de certains équipements et la pose
d'une livrée bleue avec un bandeau blanc, d'où leur
surnom de " Bleu d'Auvergne ". (Le fim ci-dessus
montre l'arrivée d'un de ces autorails en
gare d'Eguyrande)
27/05/1991 Fermeture au trafic marchandises
de la ligne de Bort à Neussargues
1993 Une poignée de passionnés s’est engagée en
faveur de la sauvegarde de la ligne Bort
Neussargues en constituant l’Association des Chemins
de Fer de la Haute Auvergne.
1994 Fermeture de la ligne vers Aurillac
(les rails seront enlevés de Cheyssac à Mauriac pour prévenir toute
idée saugrenue de réouverture par une association).
1997 Exploitation du train touristique “Gentiane
Express®” entre Riom-ès-Montagnes et Lugarde
(Département du Cantal).
2002 Ouverture du second tronçon au trafic
Bort-les-Orgues - Riom es Montagne
Le matériel roulant du Gentiane Express
Le service est assuré depuis 2007 par l'autorail
RGP 1 X 2725 appartenant à la SNCF qui le met à
la disposition des CFHA par convention.
L'association dispose également par convention
avec la SNCF d'un autre autorail du même type
RGP X2726.
Les autorails X 2700, nommés RGP (Rames pour relations
à Grands Parcours), sont composés d'un ensemble
indissociable de deux caisses, un élément moteur
et une remorque. Ces autorails ont été
mis en service par la SNCF à partir de mai 1955.
Ils font partie d'une série de dix-huit autorails
monomoteur d’une puissance de 825 ch destinés à
des liaisons grands parcours et numérotés
de X 2721 à X2738.
Une rame miniature Rocco de l'autorail RGP
X 2700 dans la livrée d'origine en 1955 (Voir
le site)
Leur vitesse était de 140 km/h pour les
versions (X 2721 à X 2738) équipées du moteur SACM/MGO
de 825 ch.
La décoration d'origine comportait un haut de caisse
jaune paille et un bas de caisse vert clair séparés
par un jonc aluminium. Ces couleurs valurent à la
rame le nom familier de « Lézard vert ».
Equipés du moteur MGO, les RGP 1 furent construite
par la société De Dietrich pour les motrices et
les Etablissements Brissonneau & Lotz pour les remorques.
Ces autorails furent engagés sur plusieurs liaisons
grandes lignes et notamment entre Paris et Clermont-Ferrand
sur les trains “le Bourbonnais” et “l’Arverne”.
Des éléments supplémentaires et spécialement aménagés
assurèrent des liaisons “Trans Europ Express” (TEE)
entre plusieurs grandes villes européennes.
En 1970, avec l’arrivée de nouveaux matériels,
les RGP 1 furent retirées de ces liaisons grands
parcours au profit de rames plus récentes et disposant
d’une plus grande capacité de voyageurs.
Après une première modernisation, ces engins continuèrent
leurs services sur des trajets directs et omnibus
ne dépassant pas 400 kilomètres. Une des dernières
relations à grand parcours réalisée par les RGP
1 fut la liaison Lyon-Bordeaux via Clermont-Ferrand
et Tulle sur un trajet de plus de 550 kilomètres.
Il s'agit bien du même autorail que
ci-dessus. Mais la rame a été "modernisée": on a notamment remplacé les cabines de conduite
Trente ans après leur mise en service, la SNCF
pris la décision en 1983 de les moderniser une
seconde fois afin de leur donner une prolongation
de vie d’environ 20 ans. Des transformations offrirent
aux voyageurs un niveau de confort comparable à
celui offert par des matériels plus récents. Des
nouvelles cabines de conduite en polyester prirent
places aux deux extrémités de la rame. Ces engins
modernisés furent engagés sur de nombreuses lignes
de montagne et notamment sur la majestueuse ligne
des Cévennes entre Clermont-Ferrand et Nîmes.
En savoir plus sur le matériel roulant de l'association
La situation aujourd'hui
Le GENTIANE Express
poursuit son exploitation entre Riom es Montagne et Lugarde. La gare de
Bort les Orgues est cependant toujours utilisée pour le stockage et
l'entretien du matériel roulant et on continue donc de voir les trains
circuler entre Bort et Riom, pour permettre la mise en place des rames
au service voyageur à la gare de départ de Riom.
La ligne vers Mauriac est désormais transformée en piste verte et le
tronçon manquant entre Bort et Cheyssac est actuellement en travaux
pour une ouverture au public en 2024. Il faut d'ailleurs noter que
l'association du Gentiane Express a mis à disposition son matériel et
ses moyens logistiques pour l'enlèvement des rails en juillet 2023.
Le lien vers le dépliant spécial "piste verte" de l'intercommunalité Sumène Artense
D'autres liens
Gentiane Express,
site officiel
Histoire
de la Ligne Bort Eguirande
Massif
Central ferroviaire, pour ceux qui ne se résignent
pas à l'agonie du rail dans nos montagnes
Association
Tour du Cantal en train
Rappelons que ce tour est devenu impossible avec l'enlèvement des rails
sur la ligne entre Bort et Aurillac, via Mauriac. Ce dernier site n'est
d'ailleurs plus alimenté depuis plusieurs années.
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