Le Saut de la Saule photographié en période
de basses eaux (août 2009)
Un peu d'histoire
Dans un "guide pittoresque du voyageur en France"
de 1838, l'auteur décrit la cascade : "Pour
y parvenir, on suit un sentier sur la rive gauche
de la rivière et on arrive jusqu'à mi-chemin sans
fatigue. Là, il n'y a plus d'autre passage que le
lit de la rivière que l'on remonte en posant le
pied sur des pierres lisses et glissantes ou sur
des pointes de rocher que l'action des eaux a mis
à nu. Après avoir franchi péniblement divers accidents,
on arrive en face du Saut de la Saule qui serait
bien mieux nommé Saut de la Rue. En cet endroit,
la rivière, dont le cours est très rapide est parvenue
à creuser dans le Roc un espèce de canal en pente,
d’où elle se précipite, d'une hauteur de 25 à 30
pieds, dans un gouffre profond, avec une impétuosité
d'autant plus grande que ce canal, très étroit n'est
point en rapport avec le volume de ses eaux, et
en produisant un bruit étrange qu'on pourrait presque
comparer au rugissement du lion. Les eaux qui se
précipitent ou qui tourbillonnent au milieu de ces
roches bizarres et à formes variées, le bruit semblable
à celui du tonnerre qu'elles produisent, la tristesse
du paysage qui les entoure, tout concourt à faire
de cette cascade un des spectacles les plus étranges
et les plus émouvants." (Cité par Jean
TOURNADRE - Recherches de Philippe Olivier - AOUT
1995 dans la page
internet consacrée à Rochemont)
Qu'en disait-on en 1865?
En 1865, le site a beaucoup changé.
Une usine de soie tire alors profit de l'energie
de la cascade. "Outre les orgues de Bort, on
visite avec intérêt, aux environs de cette ville
(...) la cascade du Saut de la Saule. Cette dernière
excursion demande 30 à 35 min. et autant pour le
retour. Sortant de Bort par la roule d'Aurillac.
on la quitte bientôt pour prendre à g. un chemin
pierreux qui monte sur les flancs d'une colline
boisée. Après quelques minutes d'ascension, on traverse
un petit bois, au sortir duquel on se trouve dans
l'étroite vallée, bordée de puys boisés et de rochers,
de la jolie rivière de Rhue.
En 1865 la fabrique de soie vient d'être
construite
Elle tire son énergie du moulin actionné
par la chute de la Rhue qui a été
aménagée
Arrivé à une fabrique de soie récemment installée,
on grimpe dans les rochers qui la dominent ; puis,
redescendant et traversant le canal de la fabrique
emprunté à la rivière, au- dessus de la cascade,
on atteint, à 100 met. seulement de la manufacture,
le Saut de la Saule, l'une des plus belles cascades
de la France, tant pour la beauté du site que
pour la masse des eaux, Ires-considérable même pendant
les sécheresses.
La Rue, qui forme cette cascade, coule, avant d'y
arriver, au fond d'une gorge extrêmement pittoresque,
dans un lit semé de rochers sur lesquels elle se
brise avec fracas, puis elle fait une première chute,
de 3 à 4 met. de hauteur, divisée par un rocher
en deux branches d'inégal volume. Les eaux, se rassemblant
alors dans une espèce de cuve où elles tourbillonnent
avec rapidité, vont, à 10 met. de là, se précipiter
de 7 à 8 met. de hauteur, avec un bruit terrible,
dans un bassin creusé à une grande profondeur dansle
gneiss porphyrique et dominé par un rocher appelé
la Tribune aux harangues. Là, les flots s'apaisent
et la Rue s'engouffre avec lenteur dans un profond
couloir, large de 4 à 7 met., bordé des deux côtés
par une muraille de roches absolument à pic,
du plus beau poli, et de 8 à 10 met. de hauteur,
bien que fort belle, la cascade du Saut de la Saule
ferait plus d'effet, si, dans la chute même, l'impétuosité
des eaux n'était brisée par la rencontre d'un grand
nombre de troncs de sapins. Entraînés par les débordements
de la rivière, ils se sont trouvés arrêtés par l'étroitesse
de la gorge, et s'y sont si bien amarrés que la
force du torrent, tombant sur eux de tout son poids,
ne peut parvenir à les en arracher. (ITNERAIRE GÉNÉRAL
DE LA FRANCE PAR ADOLPHE JOANNE - DE PARIS A LA
MÉDITERRANÉE... DEUXIEME PARTIE - PARIS LIBRAIRIE
DE L. HACHETTE ET G" 77 BOULEVARD SAINT-GERMAIN
- 1865 - pages 683-684)"
Le canal vers la fabrique de soie
Le
barrage de la saule est toujours en place mais l'entrée du canal est
obstruée. Le gros des eaux de la Rhue sont cependant détournées en
amont au barrage de Vaussaire et envoyées par un tunnel long de 14 km
dans le lac de Bort.
Un siècle plus tard, en 1962, le Guide Bleu décrit le site
D'importants aménagements facilitent désormais
l'accès au site. En particulier, une passerelle
suspendue facilite la traversée de la
rivière. "Saut de la Saule (route, 2,5
km S.-S.-E., puis 30 mn à pied aller et retour).
— Par la route de Mauriac (N. 122) prolongeant.
au S. le faubourg de la rive g., puis une petite
route à g. qui longe puis croise le chemin
de fer, on atteint (2,5 kmm) l'usine de Sa Cascade,
située sur la rive dr. de la Rhue et où doivent
s'arrêter les voitures : une passerelle suspendue
conduit sur la rive g. que l'on remonte par un sentier.
Bientôt le lit de la rivière apparaît comme
un large chaos de masses énormes de gneiss
porphyrique d'une extrême dureté, traversé
de filons de diorite.
A l'extrémité du sentier, des marches taillées
dans le rocher et des rampes en fer permettent
de s'avancer au bord des rochers eu vue du saut
de la Saule; mais ce site a perdu son caractère
depuis que les eaux de la Rhue ont été détournées
au barrage de Vaussaire et envoyées par un tunnel
long de 14 km dans le lac de Bort. Le rocher qui
se dresse au milieu du lit de la Rhue, en aval du
saut, présente une excavation, aujourd'hui très
difficile à atteindre, appelée la chaire de Marmontel;
il est surmonté d'une croix commémorative de la
guerre de 1914-1918. (Le Guide bleu - page 398 -
Edition 1962)"
Le site aujourd'hui
"Dans ces petites gorges, l'eau s'est frayé
un passage en creusant dans le gneiss, sous l'action
de du tournoiement des galets entraînés par elle,
des excavations régulières que l'on appelle marmites
de géants. Un peu plus loin, on arrive aux rochers
qui surplombent le Saut de la Saule , où la Rhue
franchit un seuil rocheux haut de 5 à 6 m"
(Guide
Vert Michelin Limousin avril 2006 page 154)
Aujourd'hui, malgré un niveau d'eau plus
bas qu'autrefois, le charme du site opère
toujours et le Saut de La Saule reste un des lieux
les plus attachants de Bort les Orgues.
La cascade vue depuis le sentier (août 2009)
La cascade vue depuis le belvédère
(août 2009)
Vue de la Rhue aval depuis le belvédère
(août 2009)
Les rampes métalliques du bevédère installées dans les années 1948-1949
ont montré pendant plusieurs années d'évidents signes de fatigue. Au
moment de cette photo, nous étions en août 2009.
En 2019, de solides barrières ont été installées pour la sécurité des promeneurs
On peut désormais se pencher, sans risque. C'est du solide
Accéder au site
L'application
Visiorando propose un circuit pédestre de 4,3 km au départ de Chaissac.
On emprunte d'abord la petite route de la vallée du Soulou et ensuite,
à la patte d'oie avant un grand champs, un sentier qui rejoint la Rhue
et le Saut de la Saule.
Mais il y a plus court!
Depuis le centre ville de Bort les Orgues,
on emprunte la D922 (direction Mauriac). Mais après
quelques centaines de mètres seulement on prend
à gauche (direction hôpital) la route du
Saut de la Saule. Cependant, on ne traverse pas la voie
ferrée immédiatement mais on suit la route
qui la longe jusqu'au CAT de la Saule.
Garer la voiture sur le parking à gauche
avant l'entrée du CAT de la Saule
---------->
|
Emprunter le sentier (comme indiqué) qui
longe la voie ferrée et la clôture du CAT
Suivre
la clôture...
Avant
d'arriver à la rivière (Rhue) monter sur
la voie ferrée
Longer
les rails et traverser la rivière sur le pont
Prendre
garde aux trains qui pourraient occasionnellement circuler
--------->
|
Une
vingtaine de mètres après avoir franchi
le pont de la Rhue, descendre prudemment du talus
Remonter
le long de La Rhue (rive gauche) par le chemin en sous
bois
S'attarder
quelques instants près du pont suspendu (sur la
gauche du sentier)
Longer les verts paturages...
Encore
un petit effort, vous y êtes presque!
o-o-o
|
Histoire de la Cascade: Du moulinage de la soie à la fondation Jacques Chirac
Les auteurs de cet ouvrage (août 2010) ont recueilli
de très nombreux documents concernant l'usine
de la Saule de 1825 à nos jours et notamment
de très intéressantes photos. Mais le
plus émouvant, ce sont les témoignages
des ouvrières qui y ont travaillé jusqu'à
la fin des années 50.
Le temps qui a passé a probablement adouci les
souvenirs les plus pénibles mais ce livre parvient
à restituer une grande partie d'un siècle
de la vie industrielle de Bort les Orgues: un ouvrage
indispensable à tous ceux qui s'intéressent
à l'histoire locale. (Bulletin du groupe de recherche
historique et archéologique de la vallée
de la Sumène - 25€uros).
Le pont suspendu
Depuis juillet 2008, un arrêté
interdit le passage sur le pont suspendu qui mène
au site: le mauvais état de la passerelle rend
la traversée dangereuse
--------->
|
Le
pont suspendu est un élément majeur du patrimone
local. Il attend d'être remis en état. Mais en 2020, rien ne bouge encore.
--------->
|
Avant
la fermeture...
Ce Pont suspendu est situé sur la
commune de Vebret (15). Il a été construit
au 19e siècle. C'est un ancien pont piéton privé permettant
aux ouvrieres venant du Cantal de gagner la
filature de soie de la cascade située sur la rive droite,
commune de Bort-les-Orgues (Corrèze) ; ce pont aurait
été endommagé pendant la seconde guerre et restauré peu
après. Les pylônes sont en moellon de gneiss couvert d'un
enduit; le passage qui les
traverse a reçu un parement en brique ; le tablier métallique
porte une chaussée en bois. Pour le gros-oeuvre : gneiss, moellon, grès, brique, métal, bois.
Il s'agit aujpourd'hui d'une propriété publique.
(Source inventaire topographique 1994 rédacteur(s) : Sauzade
Lionel N° notice : IA15000152 © Inventaire général, 1994
Dossier consultable : service régional de l'inventaire
Auvergne Hôtel de Chazerat - 4, Rue Pascal 63000 CLERMONT-FERRAND
- 04.73.41.27.00
o-o-o
|
|